Patrimoine

"Focus : Les dessous de l'histoire" - Mantes-la-Jolie Magazine - Février 2022

À la frontière du royaume de France et du Duché de Normandie, située sur un axe stratégique, Mantes a toujours été un lieu de passage ou de villégiature pour les monarques. Voici en images quelques anecdotes connues ou moins connues qui ont marqué l’Histoire de notre Ville.

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Les remords de Guillaume le Conquérant 

Philippe Ier, roi des Francs, refuse de céder Mantes à Guillaume le Conquérant, duc de Normandie et roi d’Angleterre. En 1087, ce dernier pille et incendie la Ville et son église d’époque carolingienne. Mais au cours de cette bataille, il est sérieusement blessé. Il décèdera à Rouen quelques heures plus tard. Peu avant de mourir, la légende raconte que, pris de remords, il ait octroyé l’argent nécessaire à la construction de la collégiale actuelle. 

La charte de Louis VI le Gros

Au début du XIIe siècle, le comté de Mantes est offert par le roi Philippe Ier à son second fils, Philippe le Bâtard, tandis que l’aîné, Louis VI le Gros, lui succède sur le trône en 1108. Un conflit oppose alors les deux frères. C’est dans ce contexte que Louis VI fait le siège du château de Mantes, vraisemblablement avec l’aide des habitants. Victorieux, il leur octroie en reconnaissance une charte communale. Cette dernière leur accorde de beaux et nombreux privilèges. Le plus important : Mantes devient une commune libre.

 

Le cœur du roi est-t-il sous la collégiale ? 

Un autre roi, Philippe Auguste, est décédé à Mantes en 1223. La légende veut que son cœur soit enterré dans un caveau sous le chœur de la collégiale. Mais cela reste à prouver ! Sous son règne, alors qu’il avait le titre d’abbé de la collégiale et résidait souvent à Mantes, la Ville s’enrichit grâce au commerce du vin dont l’im-portance est attestée. 
Le droit de hanse par terre et par eau, confirmé en 1201 par le même souverain, est aussi une source de prospérité pour la ville. Cette taxe portait sur les marchandises qui passaient sur la Seine ou traversaient Mantes par voie terrestre. Cette prospérité entraîna la croissance de la population.

La collégiale, un instrument du pouvoir royal

Au Moyen Âge, la collégiale devait, avec le château et les murailles l’enserrant, signaler la présence, la puissance et la légitimité du pouvoir royal franc aux rivaux normands. Cette rivalité explique la construction d’un édifice aux dimensions si imposantes. Les Rois de France eux-mêmes ou leurs plus proches parents, jusqu’à Philippe Auguste, furent régulièrement nommés Abbés Sé-culiers du lieu. Et c’est à la reine Marie de Brabant que l’on doit la plus belle chapelle, celle de Navarre, construite par un presti-gieux architecte parisien dans le style caractéristique du gothique rayonnant. 

Une petite Carcassonne

Pendant plusieurs siècles, la ville est apparue sertie d’une double ceinture de remparts, jalonnée de portes et de tours, qui la mettait à l’abri des envahisseurs. Une première enceinte a été élevée au Xe siècle. Elle a été reconstruite sous le règne de Louis VI le Gros puis constamment reprise et agrandie. La cité ayant perdu son rôle de place forte, la plus grande partie des fortifications fut démolie en 1739 sur ordre de Louis XV. Certains vestiges sont toutefois parvenus jusqu’à nous à l’image de la Tour Saint-Martin, de la Porte au Prêtre ou de l’échauguette voisine. Pour une réelle découverte de ce qui reste de ces remparts, une promenade s’impose dans le square Gabrielle d’Estrées. Il donne un aperçu de la configuration des murailles d’enceintes primitives et de l’ancienne organisation de Mantes. 

Mantes is beautiful

De par son importance stratégique, et en dépit de ses fortifications régulièrement entretenues et renforcées, Mantes fut souvent l’objet de sièges. Elle changea régulièrement de mains entre 1346 et 1449 et fut même colonisée pendant 30 ans par les Anglais ! Fin août 1449, le roi Charles VII envoya un corps d’armée de plus de 6 000 hommes. Ils furent aidés par les Mantais qui se soulevèrent, s’emparèrent de la tour Saint-Martin et de la porte aux Saints et forcèrent les Anglais à capituler.

Le roi qui a donné son nom à la Ville 

L’origine du nom de Mantes-la-Jolie (cette dénomination officielle a été adop-tée en 1953) provient d’une lettre expé-diée par le roi Henri IV à Gabrielle d’Es-trées sa favorite, résidant à Mantes : ‘‘ Je suis à Mantes, ma Jolie…’’. Une anecdote révélant le romantisme du monarque qui aurait aussi écrit à sa maîtresse : ‘‘ Je suis et serai jusques au tombeau votre fidèle esclave. Je vous baise un million de fois les mains.’’

 

Capitale de la France 

 

La bataille d’Ivry opposa l’armée royale, commandée par Henri IV, à l’armée ligueuse qui défendaient leur religion contre le protestantisme. Après sa victoire, le roi décida d’installer à Mantes son gouvernement. Pendant près de quatre ans, la ville fut donc la capitale politique du pays.

Ce choix stratégique s’explique par la situation géographique de la cité fortifiée. Elle permettait d’interrompre la circulation sur la Seine et l’approvisionnement des ligueurs qui détenaient Paris et Rouen. Par ailleurs, à quelques lieues de là, résidait un autre personnage important de l’Etat : Maximilien de Béthune, futur duc de Sully (né à Rosny) et l’un des principaux ministres du roi. 

Plus tard, Henri IV confiera à la reine Marie de Médicis : ‘‘ Madame, si vous saviez combien cette ville m’est chère ! Mantes a été autrefois mon Paris, ce château mon Louvre, et ce jardin mes Tuileries, où je pris de forts bonnes résolutions.’’

La Reine Victoria 

Ouverte en 1843, la gare centrale de Mantes reçut la visite de personnages illustres, parmi lesquels la reine d’Angleterre en personne. C’est ainsi que l’on accueillit en grandes pompes la Reine Victoria, de passage lors d’une visite privée en France en 1891.

Le séjour de Louis XIV

 Plusieurs hôtels particuliers datant des 17e et 18e siècles sont encore présents dans la rue Baudin. Les corps principaux de ces hôtels, situés entre cour et jardin avec ailes en retour, reprennent le modèle des hôtels parisiens du Marais et montrent l’importance et le dynamisme de la ville. Lors de son grand périple de 1645, Louis XIV et Anne d’Autriche s’ar-rêtèrent quelques jours à Mantes et y logèrent, notamment à l’Hôtel de Mornay, que l’on peut toujours admirer aujourd’hui.